AVIA, cette loi dont nous avions définitivement besoin.
La loi Avia. La dangereuse. La redoutée. Celle qui pourrait paraître éthique car elle affirme lutter contre la haine.
Bullshit.
Le gouverne-ment, sans surprise, continu sur sa lancée de destruction de l'humanité en utilisant ses stratagèmes habituels : l'hypocrisie et la manipulation. Sérieusement ? Est-ce donc tout ce que nous méritons ?
Je ne pense pas. Car je porte en moi la croyance que nous vies ont de la valeur.
Et si je ne doute pas que tu ressentes la même chose, je suis persuadé que le gouverne-ment actuel ne fasse que cracher continuellement sur cette pensée.
Alors, si je vous partageais mon regard sur cette loi, précarisante et dangereuse ? Allez, juste un petit regard par la pute que je suis. Ça va être fun, tu verras. Ou du moins instructif, pour sûr.
Allons-y.
La Loi Avia donc. Celle qui suit le merveilleux exemple de celle de SESTA/FOSTA, aux USA (et qui met bien nos collègues dans la merde). Celle qui verra la confirmation de son adoption de texte en commission des lois le 21 janvier 2020. Et qui verra sa dernière date de passage au Sénat le 30 janvier 2020.
Mais quel est donc l'objectif de cette loi ? Et bien, elle se présente comme destinée à retirer certains contenus "haineux" sous 24 h des réseaux sociaux, des plates-formes collaboratives et des moteurs de recherche.
Quelle belle idée n'est-ce pas ? Plus de haine sur internet ! C'est bien ce que l'on recherche non ? La fin de la haine ! Moi je suis pour !
Seulement, je n'ai jamais fais confiance aux oligarches (quelle surprise !), et bien vite, on se rend compte que "haine" devient "contenu illicite". Et là, plusieurs questions commencent à émerger, tenant fermement la main de cette non-confiance, qui s'est créée suite aux abus répétitifs et presque routinier dont fait preuve notre État vis-à-vis des droits humains.
Alors, quelles sont les questions qui me viennent quand je vois cette loi assassine arriver à grand pas ? Quels sont les problèmes que je perçois, et qui me semblent aussi visibles qu'un nez rouge sur un clown ?
Et bien tout d'abord : l'étendue de son application. Qui va t'elle toucher ? Que va t'elle toucher ? Qu'est ce qui est considéré.e comme contenu haineux (si ce n'est pas notre gouvernement) ? Qu'est-ce qui est considéré.e comme illicite ?
Et bien, en ce qui me concerne, une grosse partie de mon travail. Car si être travailleur.euse du sexe n'est pas considéré comme illégal aujourd'hui en France, le client lui l'est, ainsi que le proxénétisme.
Et je ne sais pas si tu captes à quel point la loi sur le proxénétisme est aujourd'hui aussi ridicule qu’indignante, mais je vais te la ré-expliquer vite fait :
- Est considéré.e proxénète une personne donnant des conseils à une autre, sur comment débuter le travail du sexe. Car c'est vrai que laisser des personnes entamer une entrée dans un taf inconnu aussi spécifique que celui là, c'est vraiment une idée saine.
- Est considéré.e coupable de proxénétisme, toutes plateformes permettant aux TDS (travailleur.euse.s du sexe) d'exercer leur métier. Donc les sites web, les structures etc.
Je continu ? Ou tu as compris l'idée ? Parce que si tu veux vraiment que je te montre à quel point cela va loin, sache qu'en fait, même ton fils majeur, ou encore ta co-locataire adorable, habitent sous le même toit que toi, alors que tu exerce le métier du sexe, iels sont condamnables. Logique, évidemment, hein.
En gros, tu feras attention à toi, car si tu respires le même air qu'une pute, tu pourrais probablement finir en prison pour proxénétisme. Vraiment, méfies-toi. On est bien caché.e.s, on est partout et, révélation : nous sommes même en contact avec des humain.e.s.
À quand le jour où l'on portera plainte contre la rue pour proxénétisme ? Ah non mais j'te jure, leur stupidité et leur égoïsme finiront par avoir ma peau.
Enfin bon, revenons à cette merveilleuse loi, sans aucun doute issue de cœurs ouverts et remplis d'amour pour la dignité humaine, qui qualifie le métier des putes, ainsi que des actrice.teur.s porno, comme quelque chose d'illicite, d'haineux.
Que se passe t'il réelement, si l'on analyse bien ? Il se passe que la gestion de la justice, va passer d'humain.e.s, déjà pour la plupart incompétent.e.s (coucou les plaintes pour les viols et les meurtres classées sans suite), à un algorithme crée par ce même type d'humain.e.s.
Génial.
Ça veut dire que la justice, qui est quand même supposée être un droit, va passer par un processus de déshumanisation, pour se virtualiser. Nous ne seront donc plus jugé.e.s par une personne dont c'est (censé être) le métier, mais par un calcul virtuel. À tout hasard, quelque chose ne serait-il pas en train de se faire bafouer ?
Une justice virtuelle ? Réellement ? Et quelle justice ! Déjà que celle qu'on a est de qualité médiocre, mais si en plus on la virtualise, je me demande ce qu'on va devenir.
Et bien c'est simple : nos sites internet vont fermer, nos comptes militants vont fermer, nos voix vont être mutilées, notre lutte va être invisibilisée et le stigmate que nous combattons QUOTIDIENNEMENT depuis un bon bout de temps, va augmenter.
Super, c'est exactement ce dont nous avions besoin n'est-ce pas ? Le gouverne-ment a visé juste, comme à son habitude. Mais bon, sans surprises hein, ça fait un bon moment qu'il se montre génocidaire pour notre espèce.
Hein ? Ah non, je ne parle pas de l'espèce des putes. Juste de celle des humain.e.s. Mais continuons. Car ce n'est évidemment pas fini.
Notre présence virtuelle éradiquée, où allons nous travailler ? Devine !
Dans la rue évidemment. Les personnes les plus précarisées en première lignes.
Pour parler d'un point de vue personnel, je vais tout simplement connaître une perte totale de mon indépendance, et avoir l'obligation d'aller bosser soit dans la rue, soit dans une structure. Mon rêve.
C'est d'ailleurs intéressant de noter ici que si cette loi est grandement soutenue par des mouvements luttant contre le proxénétisme, elle aura l'effet inverse, en renforçant ce dernier.
Bah oui. Si tu tue mon indépendance chéri.e, tu tue mon indépendance. Appelons un chat un chat. C'était vraiment le maximum de ton cerveau ? Parce que je ne vais pas parler de ton cœur hein, je ne suis pas merdologue.
Mais bon ! Ne jetons pas la pierre si vite ! Peut-être ferais-je partie de ces chanceux/chanceuses, qui passeront entre les mailles du filet des signalements des personnes aux cœurs moisies, qui jouiront de ce nouveau pouvoir de délation qu'iels posséderont désormais entre leurs mains.. Et quelle chance ! Vraiment, quelle chance !
Parce qu'à ton avis, qu'allons nous subir de la part de nos clients les moins intéressés par notre dignité ?
Du chantage. Du harcèlement. Des menaces.
"Si tu ne baisses pas tes prix, je ferais fermer ton site."
Et si on leur rie aujourd'hui au nez car ils ne savent pas que pour le moment, c'est eux qui sont dans l'illégalité, crois-moi, on rigolera moins demain.
Car avec cette loi, c'est le pire d'entre eux qui aura le pouvoir sur nous. Et je te laisse faire preuve de logique dans ta tête pour arriver à cette conclusion : cette loi va augmenter le nombre de viol dans notre communauté.
Et oui : moins de clients, avec une sauce de pression mélangée avec une once de menaces et de chantages, le tout parsemé par la précarité.
Hein ? Quoi ? Ah non, désolé, on a plus assez d'argent pour ajouter le consentement dans la recette.
Donc viol.
Bien joué, abolitionnistes, bien joué, le gouvernement. Car si avec la loi de la pénalisation contre les clients ainsi que celle contre proxénétisme, je me voyais déjà galérer, j'arrivais quand même à m'en sortir, avec mes privilèges de mec blanc perçu cisgenre. Mais là, je la sens bien arriver à grand pas, celle dont on m'a trop beaucoup parlé : la dissociation.
Génial. Félicitation. Vous venez de réaliser un bingo du viol. Vous êtes fier.e.s de vous ? Croyez bien que votre âme ne l'est pas. Mais sachez-le, ça fait un petit bout de temps. On ne vous remercie pas. Mais pas du tout.
Je ne vous remercie pas, mon corps ne vous remercie pas, ma santé mentale ne vous remercie pas, mes collègues ne vous remercient pas, toutes les personnes qui vont subir cette lois, de tout bords, ne vous remercient pas, nos allié.e.s, qui grandissent et continueront de grandir, ne vous remercient pas.
Parce nous le savons aujourd'hui, et cela sera su de plus en plus clairement : votre loi est une loi qui, contrairement à ce qu'elle prétend faire, augmentera la haine.
Alors si cela fais un bon moment que je le pense , laisse moi te l'annoncer publiquement, pauvre gouverne-ment : si je te subis depuis bien longtemps, ça fait déjà une éternité que je ne reconnais plus ta légitimité.
Non à la loi AVIA, non à votre loi de merde, qui crache sur notre dignité en y plantant un drapeau de violeur, masqué par la lutte contre la haine.
J'aimerais vous dires que vous n'êtes composé.e.s que de merde, mais ce serait mentir. Car au moins dans la merde, il y a des fleurs qui poussent.
Pour que la solidarité avec les TDS fasse plus de bruit que cette loi de merde, je t'invite à agir :
En signant cette pétition porter par les gilets jaunes : https://www.change.org/p/c%C3%A9dric-o-non-%C3%A0-la-loi-contre-la-cyberhaine
En appelant les député.e.s dont tu peux trouver la liste ici : https://www.laquadrature.net/loihaine/?fbclid=IwAR3SKK5QOfwCYIpCgOj6RZ3rrVqHNxbqELVHkNOyuIbEgN2W7CEzv8KowTw
Ainsi qu'en partageant, et en appelant au partage de cet article, sur le maximum de réseau possible, en utilisant les boutons ci-dessous.
Ne lâchons rien.
EDIT :
Les amendement 150 et 23 proposés par le gouvernement et le député Raphaël Gérard ont été votés.
Qu'est ce que ça veut dire ?
Et bien, que le proxénétisme a été exclue du champ de la loi car trop difficile à caractériser.
Je me permet de citer Eva Vocz : "les Travailleuses du sexe perdent la possibilité de faire du porno en indépendantes. Mais gardent la liberté de dire qu'iels perdent la possibilité de faire du porno en indépendantes."
Un quart de verre de champagne pour un quart de victoire ?
La lutte continue. Car nous n'avons gagné aucun droit ici. Nous avons juste gagner de ne pas perdre une partie de nos droits.
Et ce, car le proxénétisme est trop difficile a caractériser.
Ça veut pas dire qu'il ne vont pas nous museler plus tard.
Ça veut dire que nous on avons juste gagner un peu de temps avant cette perte. Et seulement pour une partie de nous. Les acteurs et actrices porno, elleux, vont prendre cher.
Est-ce une réelle victoire de gagner de ne pas perdre les miettes de droits qu'il nous reste ?
Ça semble rester une nouvelle semi-belle dans la communauté.
Parce que c'est rare qu'on se fasse entendre. Et je sais que ce n'est que partie remise et que le gouvernement va vite revenir à la charge.
Muselez le porno indépendant, c'est nous imposer un porno raciste et patriarcal.
Ce qui va cultiver cette idée que nous avons du sexe.
LIBÉREZ LE PORN ÉTHIQUE ! LIBÉREZ LE PORN RÉVOLUTIONNAIRE ! LIBÉREZ LE PORN EMPOUVOIRANT ! LIBÉRER LE PORN LIBRE !
La lutte est loin d'être fini, car la dignité et le respect, ça ne sera jamais des miettes de droits.
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