Bienvenue dans cet article, partageant mon expérience personnelle après deux semaines dans un bordel à Cologne.
S'agissant d'un extrait de mon journal, tu y trouveras parfois des choses que tu ne comprendra pas, car il y a évidemment, tout un contexte autour.
Par respect de l'anonymat de mes collègues, tout les prénoms ont étés modifiés.
Bonne lecture à toi !
"Chapitre 22 - Janvier 2020 - Mon expérience dans un bordel
6 janvier 2020 - arrivée au bordel.
Mon arrivée fut agréable. Tout le monde avait l'air super sympa, et même si j'arrivais au milieu d'un drama entre deux collègues, j'étais peaceful et je rigolais avec elleux, en détendant l'atmosphère.
Marc, un des mecs, qui était là depuis environ 6 mois, me fit le tour des lieux. Il y avait deux grand espaces. Un endroit de vie, et un endroit où l'on recevait les clients. Le tout dans deux appartements différents, avec deux entrées différentes. Celui du haut était pour nos passes, et nous habitions dans celui du bas.
Nous commencions par ce dernier. Deux dortoirs, une cuisine rudimentaire, une douche tout aussi rudimentaire, une salle pour fumer, un salon avec télé incluant un compte pour regarder des séries, des toilettes, et un bureau.
Puis, dans l'espace du haut, deux chambres ("la petite" et "la grande", une super double douche, une cuisine, et deux mini-salon.
Marc m'expliquait la marche à suivre durant les sessions, qu'il fallait regarder l'heure en début de session, puis ranger à la fin : mettre les drap à laver, emmener les verres dans la cuisine, etc. Il me montra aussi un bouton à appuyer en cas de problème avec un.e client.e.
Et pendant que je prenais note de toutes ces informations, la visite se terminait, et je redescendais dans l'espace de vie. Je choisissais mon lit, entre les deux qui restaient dispos. Je me retrouvais donc sur un lit superposé, en haut.
Je vidais mon sac pour installer mes affaires nomades dans un grand casier, et j'aimais bien.
Avoir un casier, je trouvais ça fun. Je pensais aux films américain ou les élèves avaient des casiers aux lycée, et je trouvais ça romantique. Ou alors, j'imaginais un casier dans un vestiaire de sport. Enfin bref, je trouvais ça fun.
Marc m'a dit qu'il allait falloir que je me rase, ma barbe, ma moustache, et mon pubis.
Oh ! Même si la pensée m'avait traversée l'esprit avant d'arriver au bordel, je ne m'y étais pas vraiment attendue. Mais je trouvais ça rigolo, et je jouais le jeu. J'étais aussi ici pour embrasser l'expérience.
Même si en même temps, je ne trouvais pas cela très stratégique. Avoir tout le monde rasé baissait la diversité physique, et donc, ne visait qu'un certains type de clientèle. Ce qui voulait dire que les personnes qui aimaient les poils ne viendraient pas. Dans ma logique, cela faisaient des client.e.s de perdu.e.s.
Mais bon, Marc me disait "ça fait plus jeune, et ça rapporte plus de clients".
Intéressant... c'était donc une décision stratégique au final ! Je me disais qu'il savait sûrement de quoi il parlait. Et j'apprenais plus tard que certain.e.s client.e.s se seraient déjà plaint.e.s du fait que certains mecs n'étaient pas assez rasé. Une autre partie de moi pensait que cultiver cette attirance pour un corps jeune sans poil était... un peu étrange. Mais en même temps, peut-être pas tant que ça. Après tout, c'était un business ! Et puis, en soi, chacun.e ses goûts ! Je comprenais juste que la niche semblait bien définie ici, et je sentais juste mon amour pour la diversité prendre quelques congés.
Je filais donc à la douche, armé du rasoir et de mousse que Marc m'avait gentiment prêté.e.s, prêt à aller déforester mon corps.
Cette douche.
Le pommeau était fixé en hauteur, et il n'y avait pas la possibilité de dévisser le tuyau. Je me rendais compte que ça allait être compliqué de me faire un lavement, de la manière dont j'avais l'habitude de le faire. Ça me paraissait un peu paradoxal, de trouver une douche comme cela dans un bordel. Mais bon, il allait bien falloir que je fasse avec. Je sortais donc de la douche, lisse comme un pré-ado, après avoir mis un bon temps à me séparer de mes touffes, usuellement laissées naturelles.
Le miroir.
Waouw ! Ça faisait des années que je ne m'étais pas vu comme ça ! Bizarre. Marrant. Différent. J'allais mettre quelques jours pour m'y habituer, et j'étais amusé à partager la nouvelle sur les réseaux, prête à user d'autodérision.
Au programme : m'installer tranquillement et comprendre comment le travail fonctionne ici.
Donc : Ben, un des mecs qui gérait les lieux, mon "boss" (ça me faisait bizarre de dire ça), qui était celui avec qui j'avais été en contact avait d'arriver, prévoyais de me créer un profil le lendemain (un shooting photo se ferait dans la matinée). Ensuite, j'allais donc être visible sur le site. Et si un.e client.e se montrait intéressé.e, et bien, iel prenait rendez vous. Il arrivait aussi parfois qu'un.e client.e arrive sans rendez-vous, demande à voir toutes les personnes présentes, et choisisse parmi elles.
Les prix étaient :
Une heure : 120 euros.
Trois heures : 300 euros.
Quatre heures : 350 euros.
Une nuit (de 22h à 8h du matin) : 450 euros.
24 heures : 700 euros.
Le tout, ensuite partagé 50-50 avec la maison.
Le deal était donc que je touche la moitié.
J'arrivais donc, en conscience, dans une nouvelle façon de travailler. Je travaillais désormais à l'heure et non à la pratique, et si les prix étaient moins chers que mes tarifs habituels, je devais, en plus, diviser la somme par deux. Mais c'était le deal, et si j'avais choisi de venir ici, c'était plus pour le nombre de client que pour les tarots.
Et puis ça me paraissait être un bon deal. Car à côté de ça, j'étais nourrie et logé. J'avais donc des dépenses conséquentes en moins. Et puis, comme c'était un travail légalisé en Allemagne, c'était donc taxé. Et les taxes étaient comprises dans les 50% que la maison prenait. Bref, je n'avais pas à me soucier de tout cela, et ce que je touchais finissais donc dans ma poche.
Tout cela ne me questionnait pas, car m'étant déjà renseigné avant de venir, je connaissais les conditions.
J'avais d'autres interrogations en tête.
Moi qui avait l'habitude de bosser en m'accordant sur mes envies sexuelles, comment allais-je vivre cette nouvelle façon de travailler ? Peut-être d'avoir un client tout les jours, voir plus, comment ça allait m'affecter ? J'allais bien le découvrir ! Et je savais que peut importe ce que j'allais vivre, j'allais traverser de nouvelles expériences, et donc forcément apprendre des choses.
Je sentais avoir la dalle, alors je me suis fait à manger. J'avais le choix entre pâtes et riz... et c'était tout. En effet, la diversité des aliments ici n'était pas très élevée. Pâtes, riz, pain de mie blanc, tranches de fromages, un peu d'ail et d'oignons, quelques tomates, et de la viande.
Étant végétarien, je ne comptais pas la dernière. Honnêtement, tout cela m'allait. La cuisine et moi faisant 3 000, j'avais l'habitude de manger ce genre de chose. Alors je me lançais tranquillement pour une plâtrée de pâtes.
Je dû m'interrompre car Ben passait pour prévenir "client pour tout le monde !" Aoutch ! Direct ! Ça commençais fort.
J'éteignais le feu, montait avec mes collègues dans "l'espace de taf", espérant intérieurement que je ne serais pas choisi, car j'avais la dalle, ainsi que ce besoin d'atterrir. Chacun.e saluait le client, puis nous nous mettions en ligne devant lui. Il choisit Fernando. Super.
Je redescendais, contente, et me délectais de mes pâtes, que j'avais agrémentées d'un beurre non salé que j'avais trouvé dans le frigo. Étant né en Bretagne, je te ferais confiance pour ne pas parler à mes parents de ce blasphème hahaha !
Bon et bien voilà. Il ne me restait plus qu'à attendre de faire mes photos, puis de vivre la chose. Pour le moment, je rencontrais certain.e.s collègues. Je semblais bien accrocher avec Nathan, qui était d'un monde bien différent de moi.
Mais iels semblaient toutses l'être.
Aucun.e n'était politisé.e.s, et chacun.e avait une histoire propre ainsi qu'une relation différente au travail du sexe. Mais c'était une évidence bien sûr. Car au final, la diversité n'est pas quelque chose que l'on pouvait effacer. Cela sera toujours impossible supprimer le fait que nous avons toutses une histoire différente.
Je remarquais que la majorité n'était pas homo d'ailleurs. Il y avait des personnes bisexuelles, et qui me disaient d'ailleurs préférer les filles, et il y avait même une personne hétéro.
J'ai aussi commencé à accrocher avec Calvin, qui semblait aimer porter des fringues dites "féminines". C'est en tout cas comme ça que Calvin le présentait : "s'habiller en femme". Et du coup j'étais content d'avoir une personne avec qui kiffer sur ça. Et content aussi que Calvin ne soit pas dans un espace isolé par rapport à ça.
Car si tout ce petit monde me semblait vraiment super sympa et amical, je captais quand même cette dimension non politisée/non éduquée/non renseignée/non déconstruite, par rapport à pas mal de chose. Le genre, la trans-identité, l'homosexualité, la masculinité, et je supposais le VIH. Et puis sûrement tout les autres rapports de dominations etc. Enfin bref, je sentais vraiment cette vibration là.
Et je trouvais cela vraiment très intéressant. Car les seul.e.s collègues avec qui j'avais l'habitude d'être en relation étaient activistes un minimum. Et donc renseigné.e.s sur tout ces sujets là. J'arrivais donc définitivement dans un nouveau monde, où je choisissais la place de témoin et non d'activiste. Je n'allais pas arriver avec mes grand chevaux en pointant tout ce que je trouvais problématique. Ça n'aurait pas marcher. Et je ne trouvais ça ni malin, ni sain. Puis la journée finissait doucement, et je me mis au lit.
...
7 janvier
J'ai fait un rêve étrange, avec un mélange de Noël et du monde escort. C'était marrant, moi qui voulait faire le lien entre cette fête familiale et le bordel. Je voyais encore la scène. Le dîner de famille, avec moi qui était censé me laver le cul dans une douche qui se trouvait dans la même pièce, cachée par un rideau.
Gênannnnnt.
Je me réveillais, et il était 6h45. C'était bien trop tôt. On s'était dit 12h pour les photos avec Ben. J'allais donc essayer de me rendormir, en espérant me lever à temps pour la suite (tu avais compris que je n'étais une fan des alarmes-réveils). J'en profitais pour vocaliser à Jules un peu de mon expérience.
Je faisais mentalement une petite listes d'objectifs à court terme : avoir un client, acheter des clopes et une poire à lavement. Je ne me rappelle pas si j'avais réussi à me rendormir, mais je fus a l'heure pour ma séance photo.
Nous avons donc fait quelque prises, et Ben me rappelait souvent de sourire, ce dont je n'avais pas l'habitude.
En général, je préférais dégager des attitudes axées sur la sensualité. Parfois "mode", parfois mélancolie, ou même vulnérabilité, d'un point de vue photographique, je n'avais pas l'habitude de sourire pour exprimer ma sensualité. Mais je jouais le jeu, et honnêtement, je me marrais bien avec Ben. Puis on a finit par une session branle et éjaculation sous la douche, avant que je ne redescende.
Et plus tard dans la journée, mon profil avait été ajouté sur le site web.
C'était bon. J'étais en ligne. J'avais désormais 22 ans, ainsi qu'une bite de 18 cm. En voyant cette dernière, Ben m'avait dit qu'il n'y avait pas moyen que sa taille soit de 16cm, ce que je disais en général à mes clients, car c'est ce que la mesure me disait. M'enfin bref.
J'avais donc 22 ans. Marrant. Et je repensais à toute cette histoire de stratégie, ainsi qu'à mon amour pour l'honnêteté. Mais ça allait. J'étais clair a l'intérieur. Ça m'amusait.
Je suis passée sur le site pour aller voir ce que donnaient les photos. Et je les trouvais vraiment mauvaises. Mais ça n'aurait pas dû me surprendre, il les avait toutes faites au flash. Je m'interrogeais de nouveau sur la stratégie. Présenter des photos de cette qualité n'allait-il pas réduire le nombre de client.e ? Quel était l'intérêt ? Qu'iels arrivent et disent "ah, tu es plus beau en vrai que sur les photos." ? Parce que ça, il n'y avait pas de doutes.
Je partageais les photos sur les réseaux, en comparant mes photos habituelles de bonnasse sensuelle (just saying) avec ces photos pas du tout vendeuses. Et du coup, on se marrait bien ensemble à gentiment se moquer de moi.
Il faut dire que c'était vraiment drôle. On s'est d'ailleurs tapé un gros fou rire avec Anaïs, qui me disait que ces photos ressemblait à celle pour "La redoute". Hahahaha ! C'était trop drôle ! Puis ça n'a pas arrêté, et on m'a dit que ça faisait très "skyblog 2002". Enfin bref, on se marrait.
Je parlais à Nathan des photos, et il semblait me dire que c'était comme ça ici. Alors je me sentais moins seule en tout cas.
Et à 20h, ce dernier s'en alla. C'était un peu ma préféré avec qui on s'entendait bien, alors ça me faisait un peu bizarre de lui dire au revoir. Et ça me faisait bizarre que ça me fasse bizarre, car j'avais découvert son existence même pas 30h avant. Mais je savais que son énergie et notre feeling allaient un peu me manquer.
Je n'ai pas eu de client.e.s dans la journée, mais je savais que ça allait prendre un peu de temps, par rapport à la mise en ligne récente, la réalisation de ma présence, puis l'intérêt.
C'était logique.
...
Le lendemain, je n'avais toujours pas de clients, mais je prenais ma journée pour répondre à des questions par rapport au travail du sexe sur les réseaux. Je passai ma journée à ça, et je réalisai : entre les client.e.s, j'avais tout mon temps pour moi ! J'allais pouvoir bosser sur des projets, mater des séries, écrire etc.
Enfin bref : j'étais riche en temps !
Cela aussi me changeait : je n'avais pas à traîner sur les applis pour chercher un.e client.e. Et puis, dans ma vie nomade, j'étais hébergée par des ami.e.s, et du coup, quand j'étais avec elleux, et bien... je partageais mon temps avec eulles ! Ce qui était génial hein ! Évidemment. Mais là, j'avais une richesse de temps pour moi que j'allais pouvoir utiliser pour faire des choses que je ne pouvais faire d'habitude, comme par exemple répondre à des questions en presque direct en ligne, puis enregistrez le tout.
Ce que je trouvais très utile d'un point de vue militant, car réduire le stigmate qui pèsent sur les TDS était pour moi un point central de nos luttes.
...
Toujours pas de client.e.s le jour suivant. J'en profitais pour crée une version de mon site en anglais, ce qui était sur une to-do-list intérieure, que j'avais cachée bien profondément dans ma tête. J'étais donc contente de m'y être mis.
J'ai aussi développé un petit truc par rapport à mes conversations sur les applis. Je remplaçais "bye" par "take care". Le "salut" d'au revoir par un "prend soin de toi". Comme cela, je me prenais moins la tête, et donc prenais soin de moi en même temps.
Pouvais-je faire ça car je savais que je pouvais ne pas me soucier des thunes, et donc, que j'étais moins stressée que quand j'éprouvais le besoin d'en avoir ? Allais-je pouvoir utiliser cet outil quand je me sentirais pauvre financièrement ? J'allais le découvrir plus tard.
En attendant, un outil était un outil et je célébrais intérieurement l'obtention de celui là.
...
Le lendemain, je me réveillais à 7h et partais avec Ben et un autre mec nommé Jōkā, en direction du centre, pour nous enregistrer au gouvernement. Et oui. Légalité légalité. Ça s'est bien passé, et contrairement à ce que projetait Ben, ce fut assez rapide.
On ne m'a pas interrogé par rapport au taf, car apparemment, iels connaissaient l'adresse. Par contre, on m'a demandé si j'étais célibataire et si j'avais une religion. Et Marc m'avait dit plus tôt de dire qu'on avait pas de religion, car apparemment, c'était taxé par l'État !
Waouw ! Cette information m'avait beaucoup surprise. Moi pour qui la croyance était définie par le fait de croire, et non pas par ce en quoi on croyait, en taxer certaines semblait un peu choquant.
Mais je ne jugeais pas. Chaque pays avait ses lois et sa culture. Cette idée, qui me semblait farfelue, devait sûrement être intéressante pour qui souhaiterait l'explorer.
Puis je rentrais, et on m'a annoncé que j'avais un client le soir même. Pour un plan uro. Il était donc prévu que j'aille chez lui à 22h, que je me fasse conduire pendant 45 en voiture, et que je lui pisse dessus. Ben et Jordan (la deuxième personne qui bossait à la gestion des lieux) me disaient que c'était un plan super facile. J'avais juste à pisser, et en dix minutes, ça serait plié.
Je comprenais. Mais je savais aussi que je n'avais pas l'habitude d'être le donneur dans une relation uro. Étant quelqu'une qui bandait facilement, j'arrivais difficilement à pisser en érection.
Mais bon : nouvelle expérience ! Et puis, éjaculer puis pisser ensuite était aussi le bienvenu, et me semblait beaucoup plus facilement réalisable.
Je matais donc des articles sur le net, "bien préparer son plan uro", puis commençait à boire de l'eau, et même à me faire un thé.
Au final, lae client.e annula.
C'était ok, car si j'avais envie d'avoir des thunes (je n'arrêtais pas de taxer des clopes et ça me mettait mal à l'aise de ne pas être indépendant de ce coté là), je me concentrais sur le soulagement de ne pas aller voir un client où je savais ne pas être habitué au cadre du plan.
Je me rappelais aussi comme j'aimais le fait de ne pas avoir à gérer le secrétariat. Je n'avais pas perdu de temps à discuter avec un mec pour avoir finalement une annulation. Je n'avais pas vécu le terrassement d'un faux espoir par rapport aux thunes.
Et je trouvais ça vraiment cool.
...
Le lendemain, je me réveillais du mauvais pied.
Mais j'écris quelque chose que j'étais contente d'avoir réussi à exprimer :
"Être radicalement opposé.e à payer pour du sexe est pour moi un tue-l'amour.
Même dans ma vie perso hein. Car, de manière plus générale, cela veut dire que la personne en face de moi ne remet pas en question ses certitudes. En plus, ça veut sûrement dire qu'iel n'a pas la capacité de déconstruction que j'attendrai chez la personne idéale.
Car oui, je parle de personne idéale.
Car je sais qu'en vrai, peut importe ce que je recherche avec ma tête. Mon cœur s'en fout, quand il crush, il ne passe pas par le mental (même si ce dernier prend le relais très rapidement). D'où le terme de "tue-l'amour" d'ailleurs. Si une personne me plait et que je vois qu'elle me dit qu'elle ne paierait jamais pour du sexe, que je perçois qu'elle est bien accrochée à cette idée, je vais clairement être désintéressée.
Voilà pourquoi certain.e.s travailleur.euse.s du sexe ne sortent qu'avec des personnes exerçant le même métier qu'elleux. Parce qu'on sait qu'on se comprend. Et c'est un poids en moins qui est considérable."
Je me souviens, j'avais rendez-vous avec Sam ce jour là. Pour que l'on parle de ce projet de film. J'ai donc prévenu Ben que je sortais (pour qu'il sache que je n'étais pas dispo), et il me répondit qu'il n'y avait pas de problème.
Et je partis donc en retrouver Sam et deux amies à lui, le tout avec mon émotionnel shity.
Nous avons finalement commencé à faire quelques prise, et je me suis rendue compte que ce n'était pas évident de bosser avec moi.
Et pour cause : Ma relation avec la camera. La gêne. Trouver l'espace où j'étais naturel et filmable était compliqué pour moi. Et comme le "naturellement moi" ne se sentait en plus pas très bien ce jour là, c'était encore plus compliqué. Me sentir vu.e, regardé, observée. Je sentais à l'intérieur cette sensation d'insécurité.
Et ça me rappelais ma performance sur scène. C'était toujours au cœur de mon existence. Ces peurs.
Mais Sam accueillait cela, et me disait que c'était aussi son job de s'adapter et de faire de belles images malgré tout.
Et après quelques heures de tournage improvisé (car je pensais que notre rencontre n'allaient être composée que de discussions), je retournais au bordel.
Pas de client.e, je n'avais rien raté, et je me dirigeais rapidement vers mon lit, heureuse à l'idée que le sommeil entraîne ce sentiment profond dans un autre espace que celui de mon lendemain.
...
Le jour suivant, je me réveillais, et contrairement à la veille, j'avais énormément d'énergie.
Et encore plus quand... on m'annonça que j'allais avoir un client ce soir là !
Yeeeeeah ! J’étais tellement content de me faire des thunes mais aussi de me faire BAISER ! J'avais tellement besoin/envie des deux.
Il ne me restait plus qu'à prier pour qu'il n'annule pas !
Je me mettais une alarme environ une heure avant son heure d'arrivée prévue, puis quand mon mobile sonna, je commençais à me préparer. Je me lavais donc le cul du mieux que je pouvais, utilisant une bouteille d'eau récupérée dans le sac de recyclage.
Puis j'attendais qu'on me dise qu'il était temps de monter en haut.
Tout cela était nouveau. Ne faisant pas le secrétariat, je n'avais pas pu parler avec lui. Je ne savais pas ce qu'il aimait, ni ce qu'il n'aimait pas, et je n'avais absolument aucune idée de ce à quoi il ressemblait. Tout ce que je savais, c'était qu'il m'avait choisie sur le site. Ah si, Jordan m'avait dit qu'il était exclusivement "actif" (pénétrant). Mais c'est tout ce que je savais.
C'était donc un nouvel espace de travail. Comment bien bosser de cette manière ? J'allais bien le découvrir !
Je me suis laissé porter. Je suis monté en haut le moment venu, et il m'attendait sur le canapé du micro-salon, à côté de la "grande chambre". Je me suis présentée et nous avons discuter rapidement. Il parlait très peu anglais, et je ne parlais pas allemand, mais je sentais qu'il avait l'air sympa.
Alors je lui ai proposé de passer dans la chambre assez vite, et nous avons fait notre affaire. J'étais à l'aise, le feeling passait bien, et je fis naturellement mon taf.
Il me fila les 120 balles, me demandait combien de temps j'allais rester, comptant bien me revoir avant mon départ. Cool ! Mon premier client semblait intéressé pour me voir régulièrement ! Et il me fila même un paquet de clopes presque rempli, avant de rentrer chez lui.
Je filais 60 balles à Jordan, avant de redescendre en bas, vibrante de l'euphorie qui m'habitait.
...
Le lendemain, mon réveil fut un peu difficile. Et je geekais la plupart de ma journée.
Un autre client s'annonça pour moi à 15h25. J'étais pas prête, et je sentais cette sensation en moi. J'avais pas trop l'habitude de baiser quand j'étais pas dans le mood. Mais bon, j'y allais quand même.
Je rencontrais le mec, lui demandais ce qu'il aimait, et il préféra me dire qu'on verrait sur le moment. Je me rendais compte que si je n'avais pas le poids du secrétariat à gérer, je n'avais pas accès non plus à cet espace de consentement qu'il me procurait.
Ce qui ne serait pas le cas, évidemment, si le client acceptait de prendre un temps pour discuter de nos pratiques. Mais ce n'était pas le cas de la majorité des gars.
Car oui, à cette époque, ce n'était pas encore établi, de créer ce dialogue autour de nos pratiques juste avant ou même pendant un acte. Car les gens vivaient cet espace avec gêne.
Je m'interrogeais. Pourquoi parler de consentement était-il gênant ? Était-ce parce que le viol était à l'opposé sur son spectre ? Étions nous donc gêné.e.s d'ouvrir cette espace, par peur de se rapprocher du viol, en considérant son existence par rapport à nous ? Alors que plus logiquement, en parler nous en éloignerait !
Ah, l'esprit humain, les peurs humaines, les évitements, les gênes, les hontes. Que de barrières.
Bref, je fis de mon mieux, et ça se passa bien comme ça pouvais se passer. Et j'étais content de me faire des thunes.
Puis le soir, avec Calvin, nous décidions d'aller au sauna. Nous y avons passé un bon moment, et j'y ai joui. Et notre retour en taxi se fit vers 4h du mat'.
...
Le jour d'après, je fis de nouveau une foire aux questions sur les réseaux, et mon premier client annonçait une seconde visite. À 19h. Ok. Je n'ai pas refusé, ça me faisais des sous en plus. Mais je savais que j'allais devoir me forcer un peu. Et que j'aurais préféré faire autre chose.
Mais bon, c'était le taf quoi.
Ça paraissait froid mais je ne trouvais pas que ça l'était. Car je réalisais que tout simplement, c'était une situation qui se vivait dans tout les tafs : devoir travailler, et avoir envie de faire autre chose. J'expérimentais le travail du sexe, dans un pays où il était considéré comme un travail. C'était vraiment intéressant pour moi de m'en rendre compte.
Alors j'y allais, et si je sentais que j'étais bien moi sensuel que durant notre première rencontre, ça se passait quand même plutôt bien. Et je me surprenais à regarder l'horloge plus souvent, comme on pouvait le faire dans n'importe quel autre taf quand la fin de notre journée s'avançai vers nous.
Je m'accordai une récompense pizza ce soir là, car j'avais bien envie de bouffer autre chose que des féculents à rien. Mais honnêtement, elle ne fut pas si bonne.
Je fumai un pétard avec Fernando. Nous n'avions pas le droit de consommer, mais nous nous étions quand même éclipsé dehors pour partager un joint.
Sans grande surprise, la défonce me fit faire une parano. En effet, je n'avais pas développée de relation vraie et profonde avec mon entourage, et je sentais d'ailleurs que ça n'allait pas se faire. Et du coup, n'ayant pas battis de confiance sur place dans mes relations actuelles, être défoncée ne me faisait pas me sentir bien.
Je notais néanmoins, que cela aussi, c'était comme dans les autres tafs : on ne choisissait pas ses collègues, et on devait faire avec.
J'ai réalisé que j'avais dit à Calvin que je l'accompagnais au bus, et que j'étais trop défoncé pour sortir. Je me sentais profondément mal, j'avais honte, et je ne pouvais pas me cacher.
Je pris note : ne plus jamais fumer dans un bordel.
"Respire. Respire.
Oh my god.
Reviens dans ton corps. Respire l'extérieur de toi.
Puis dors.
Médite. Maintenant."
Puis, la crise de parano passa.
C'est à ce moment que Calvin se confia à moi, me demandant si je m'y connaissais aux niveau de l'accès sur la prise d'hormone, ainsi que sur différentes opérations chirurgicales.
Waouw ! J'étais touchée. On se se connaissait pas depuis si longtemps que ça, et elle avait été assez en confiance pour me partager sa trans-identité. J'étais heureux qu'elle s'ouvre à moi, et je lui ai dit que nous allions rester en contact et que j'allais l'aider dans ses recherches d'infos.
Puis elle s'en alla. Et je disais au revoir à ma bitch d'amour, un peu triste. Et je me rendais compte que... si, quand même, j'avais déjà créés des liens.
Puis je matais des séries avec Fernando. Et je me surprenais à fantasmer grave sur ce dernier, que je trouvais vraiment canon.
Mais je savais que ce n'était pas une bonne idée de commencer à emprunter ce chemin là, car il était du genre à répéter souvent qu'il "préférait les femmes".
Et je me mettais au lit, vers 2h du matin.
...
Mon réveil se fit à 8h. Trop tôt. Je me rendormais. Mais j'avais sentie cette nouvelle attitude se développer en moi : faire le plus de client.e.s possibles, faire de la maille, développer des compétence d'endurance coté client.e, faire cette nouvelle expérience.
Pousser mes limites, apprendre de nouvelle capacités. Comme celles de prétendre, de jouer un rôle.
Et je plongeai de nouveau dans le sommeil..
Ben me réveilla ensuite à 13h.
"Tu as un client dans 1h".
Waaaa sérieux... putain.
Bon, je sautais hors de mon lit.
Douche. Lavage de cul matinal avec une bouteille d'eau. Je mettait l'attitude "motivée" de la veille dans mon cerveau : nouvelle expérience : fonce bébé !
Les tartines sautèrent du grille-pain, j'ouvrais le frigo sur un vide alimentaire. Bon ok. Tartine à l'air. Je me fis un thé avec, me disant que ça allait, e que je cuisinerais après mon client.
J'étais prête, complètement dans les temps, et j'avais même encore une demi-heure. Ok. Great.
J'appris alors par Fernando et Frederik que si ce n'était pas sûr, nous allions peut-être faire un plan à 4.
Okeeeeeey ! Alors ça, c'était de la nouvelle expérience ! Je n'avais jamais fait ça, car c'était quelque chose qui m'avait toujours fait flipper. L'idée d'avoir à me concentrer sur plus d'un seul être, le fait de partager du sexe avec un.e collègue etc. Je n'avais pas l'habitude de prétendre, alors c'était logique. Et je projetait donc que du coup, faire un plan à plusieurs avec des collègues serait très insécurisant pour moi. Je ne pourrais pas me lâcher simplement, comme je pouvais avoir l'habitude de le faire. C'était en tout cas, ce qui constituait mes peurs par rapport à cela.
Je checkais le consentement de ces deux mecs qui étaient plutôt attirés par les filles. Je leur disait "si jamais je fais un truc que vous n'aimez pas, tapez moi deux fois pour que je comprenne". Ils semblaient amusés, me disant que rien ne le gênait s'ils étaient payés, ce qui me faisait bizarre.
Mais ils semblaient TOTALEMENT en paix par rapport à ça.
Je trouvais ça extrêmement intéressant, me rendant compte à quel point on avait toutses une relation au sexwork vraiment varié.
Je savais que ma façon de travailler était spéciale, et que ma relation au travail du sexe n'était pas que professionnelle.
Et cette situation me confirma ce à quoi j'avais déjà pensé auparavant : si je ne faisais pas semblant, si je prenais en général mon pied, si je bossais en accord avec mes envies sexuelles, si je mettais parfois mon cœur dans mes passes, mes capacités à bosser étaient aussi limités par ces dernières choses.
J'avais devant moi des travailleurs. Pour qui le monde pro et perso étaient bien séparés, clairement. Ce qui leur permettait de faire un max de client.e.s, de manière efficace et saine.
Je savais tout cela. Mais j'étais désormais concrètement dans cette situation. Car si pour eux, tout semblait normal et fun, pour moi, ça faisait vraiment beaucoup.
Je résumais dans ma tête : M'accordant sur mes envies sexuelles, je n'avais pas l'habitude de faire une passe tout les jours. Celle là s'annonçait être ma quatrième, en quatre jours. De plus, j'avais été réveillé une heure avant, ce qui ne m'était jamais arrivé non plus. Et j'apprenais, une demi-heure avant la passe, qu'elle serait en fait un plan à 4, avec mes deux collègues, dont Fernando, sur qui j'avais fantasmé la veille.
Ça faisait beaucoup là. Vraiment. J'étais servie, côté nouvelle expérience.
"Après celle là, je me disais, je pourrais tout faire".
Mais rien n'était sûr. Nous allions nous présenter à trois devant le client et peut être n'allait t'il en choisir que deux. Où même qu'un seul. Une partie de moi priait pour qu'il me renvoi.
14h arriva, et j'allais donc peut-être vivre cette expérience d'une minute à l'autre.
En attendant, je parlais avec mes collègues, qui me racontait que c'était un mec avec qui ils avaient déjà bossé, et qu'il fallait le faire jouir comme ça. Et puis on déconnait, parce que bon, on déconnait souvent tout les trois.
14h25. Nous montions, et je sentais que je flippais un peu à l'intérieur.
Nous saluions le client. Il faisait parti de ceux que j'aurais refusé en tant normal dans mon travail indépendant. Physiquement parlant. Ce qui était très rare. Comment diable j'allais gérer tout ça ? Ça faisait beaucoup trop.
On discutait un peu, il parla en allemand avec Ben. Puis ce dernier se tourna finalement vers moi et pour me dire "sorry" en m'expliquant qu'en fait, il allait juste garder les deux autres. J'ai répondu "c'est ok, c'est pas grave", et je suis descendu.
Tu m'aurais vu mimer ma danse dans les escaliers. C'était la fête dans ma tête ! J'étais tellement soulagé.
Ouuuufffff. Je pouvais entrer dans cette journée de manière moins violente.
Je commençais à prévoir d'acheter mes billets de train, pour mon départ qui s'annonçait. Et je n'arrivais pas à payer le ticket avec mon tel. C'était bizarre. J'avais de l'argent sur mon compte.
J'espèrais ne pas être interdit bancaire, suite à ma mise en demeure lié à mes amendes impayées. Tout en sachant que je pourrais très bien vivre avec si cela s'avérait être le cas, touchant mes thunes en espèces pour la plupart du temps. Mais bon, c'était quand même assez lourd de ne pas pouvoir me prendre un billet facilement.
Bref, j'allai en boutique pour l'acheter.
Le soir : j'ai refumé. Such a good idea. Not really. Mais bon, j'avais de bonne excuses. Jordan n'était pas là donc je n'allais pas flipper de me faire éventuellement repérer.
Mais non : même résultat : j'avais besoin d'un temps pour moi, et je me collais dans mon lit, en regardant "Workin' moms".
Tu dois voir cette série. Et en particulier si tu es un homme cis. Vraiment.
Je me souviens avoir écrit ce soir là : "j'ai besoin de me sentir à la maison". Je pensais à Orianne et Vincent, je pensais à Morad, je pensais à ma forêt féerique. J'avais besoin de me sentir aimé.
...
Le lendemain, je me levais, et j'écrivais sur les réseaux :
"BON. C'est encore considéré comme du complotisme de dire que ces gens cherchent délibérément à nous tuer ?
Non mais sérieux là la peuple. Ça râle pour une grève MAIS OPEN YOUR EYES !
Ils défoncent TOUT-LE-MONDE. C'est pas une grève qu'il nous faut. C'est une putain de révolution. Un renversement du gouvernement.
Je veux bien que tu me cites les dernières lois qui vont dans le sens de la dignité humaine et ce pour tout le monde.
Trois ? Allez au moins deux. Ok, Une ? Ah.
Et nous, on va taffez parce que on croit que c'est notre seule solution pour survivre mais il faut qu'on arrête et qu'on FASSE EXPLOSER ce putain de gouvernement là !!!
Non mais really ! We deserve better. Nos vies on de la valeur et ils crachent dessus constamment.
Ils s'en foutent de nos vies, de nos grèves, de nos manifestations.
Il va falloir qu'on considère sérieusement à reprendre nos vies en main. Parce ce que ça fait beaucoup trop longtemps qu'on se cache dans notre peur, et qu'on trouve des excuses au fait qu'ils DÉTRUISENT NOS VIES.
Ce n'est pas un droit, de détruire nos vies parce qu'ils ont du pouvoir. Ça n'a jamais été un droit. Et le fait qu'une majorité du peuple ai voté pour des mensonge ne sera JAMAIS une excuse.
Il faut qu'on arrête de jouer le jeu de leur torture. Il faut qu'on arrête de travailler pour eux. Et de toutes façon, on va juste plus avoir le choix à un moment, non ? Vu comment ils nous détruisent, pas à pas, loi après loi.
SÉRIEUX. Il faut qu'on bouge notre cul là. Parce que je pense pas qu'aucun.e de nous n'a signé pour être considéré.e comme une merde.
La dignité devrait être un droit. L'accès au bonheur de chacun.e devrait être LA PREMIÈRE CHOSE sur laquelle un peuple devrait se concentrer (OUAI.).
Ça parait idéaliste ? Impossible ?
Honey, s'il est possible de se laisser écraser de cette manière aussi délibérément, crois moi qu'il est possible de prendre le pouvoir et d'en faire quelque chose d'humain.e.
On fait quoi ?
PS : j'aime bien vous touchez avec ce que j'écris, j'aime bien quand tu partages et que ça tourne. Mais c'est pas ça qui va changer quelque chose en réalité. Cliquer sur un bouton virtuelle ne changera pas la situation. Nous avons besoin d'actions concrète. Nous avons besoin de nous battre. Et si tu penses que c'est encore un choix, crois-moi qu'à un moment ça ne le sera plus. Voulons nous attendre ce moment ? Il arrive a grand pas de toutes façon si tu veux mon avis.
Alors on fait quoi ? Grève nationale ? Les gens semble avoir trop peur pour leur vies individuelle pour s'y risquer.
Prendre le temps d'ouvrir les consciences ? Je ne sais pas si nous avons ce temps, on est en train de détruire notre espèce par (entre autre) le climat.
Attaquez frontalement l'état ? Nous devons être beaucoup et bien organisé.e.s parce les personnes qui ont été élu.e.s par la majorité de notre peuple utilise DES ARMES contre nous (tout va bien, oui oui).
Qu'est-ce qu'on fait ? Réfléchissons, agissons, ne les laissons pas respirer.
Ne plus reconnaître la légitimité de l'Etat, prendre un territoire de force, et créer quelque chose de plus humain.e, puis défendre cette espace car POUR SÛR, ils l'attaqueront et ferons tout pour le détruire (coucou les ZAD) ?
Sérieux, on fait quoi ? Parce que c'est pas notre confort qui est en jeu. Ça c'est ce qu'ils veulent nous faire croire. Ce qui est en jeu, c'est ce qui reste de nos demi-vies.
Je sais que ça fait peur. Mais je ne pense pas que cette peur soit plus importante que nos vies.
On fait quoi ?"
Je n'ai pas eu de client ce jour là. Mais c'était tant mieux. J'en ai profité pour bosser toute la journée sur mon ordi :
J'ai fait une traduction de quelques textes en anglais, qu'une de mes contacts à gentiment offert de relire, j'ai créée une proposition d'un "plan business fab", pour Ben et la maiso, j'ai appelé un collègue pour avoir plus d'infos par rapport à la loi Avia, ayant un entretien téléphonique avec un magazine gay le jour suivant, et j'ai géré le shopping pour la maison.
À un moment de la journée, et contre toutes attentes, Fernando s'est ouvert à moi et je me suis rendu compte qu'on semblait être lié plus profondément que je ne pensais. On semblait être dans des visions spirituelles communes.
Et merde. Il me plaisait bien plus du coup. Et je sentais que s'il y avait du cœur présent, ce n'était pas réciproque sur un autre niveau. Je fantasmais sur lui dans ma tête, tout en essayant de m'en garder, pour ne pas trop prendre cher.
J'ai aussi reçu des messages de KAy sinon, ce qui m'a fait plaisir.
...
Le jour d'après, j'ai continué dans ma tornade de taf : j'ai fait l'entretien téléphonique, et j'ai lancée la création d'un blog sur mon site.
Je suis ensuite allée voir Wind et sa/son frère. C'était trop bien. Ça m'a fait un bien fou de les voir, et j'ai finie un peu pompette. Je me suis rappelé que j'avais ressenti le besoin d'être aimée la veille.
J'ai souri.
À mon retour, j'ai écrit mon premier article : Une exposition des dangers de la loi Avia. Je l'ai publié, puis le site a crashé.
Je flippais grave, honnêtement. Mon accès à mon espace était restreint, et la page de l'article n'était pas accessible. Je me retrouvais bloqué. Exténué, je me suis dit que je venais de me faire censurée, et j'avais peur que mon site ne saute.
Mais quelque temps après, tout revint à la normal, et je soufflais un coup.
Crevé, je me dirigeais donc sûrement dans mon lit.
BIM !
Client pour tout le monde.
Et, il me choisit direct. Bon. Mais il était super hot alors ça ma réveillé d'un coup.
Par contre je l'ai sucé sans capote et il avait l'air d'avoir des cloques. "Putain mais OMG, c'est quoi cette soirée merdique", je me disais.
J'ai eu peur pour le HPV (un de mes gros flips), mais en matant sur internet, ça ressemblait plus à un herpès. Ça me soulageait un peu mais je priais quand même de ne pas l'avoir choppé. Je supposais que les jours suivants allaient me le montrer.
...
Le lendemain, je partage l'article et appelle à son partage. Mon mode "char de guerre" était activé. Super hippie.
Puis j'ai re-bossé sur la blacklist de Jasmine.
Je ne m'arrêtais pas. Dans cette tornade militante qui s'emparait de moi, je devais garder en tête de faire une place pour mon journal.
...
19 janvier 2020.
16h05. J'étais dans le train direction Essen, direction Sam et son projet de docu.
J'avais fait un tour de la maison pour saluer les loulous, en leur disant de prendre soin d'eux.
J’enlaçais Camille, qui me disait être dégoûté que je parte. Ce que je trouvais beau, l'ayant rencontrer depuis moins de 48h.
Je suis aussi monté faire un câlin à Jōkā , et on profitait tour les deux pour nous envoyer les dernières vannes avant un d'éventuelles retrouvailles intemporalisables.
J'ai aussi salué Frederik, avec qui on s'était bien marré, sans oublier John, et Ben.
Fernando était évidemment en train de dormir, mais j'ai pu lui glisser un au-revoir.
Ah... j'étais bien content de les avoir rencontré, et j'espérais bien les revoir à mes prochains passages.
Je faisais donc ma petite conclusion intérieure sur cette expérience :
Travailler dans ce bordel m'a fait expérimenter le travail du sexe d'un point de vu légal, dans le sens "réglementé et contrôlé".
J'ai donc connu les choses que l'on connait dans les autres tafs : parfois ne pas avoir envie de bosser mais de le faire quand même, s'adapter à ses collègues, et avoir des horaires (mais quand même plutôt libres) de présence.
Je sortais de Cologne avec 210 euros en poches, pour deux semaines de présence.
Sachant que les 5 premiers jours, j'étais tombée sur une semaine pourrie, et que j'avais quand même dépensées quelque thunes pour me faire plaisir.
Sans ces deux choses, on pouvais dire qu'en une semaine, je me serais fait 330 euros. Ce qui, au mois, ferait donc 1200 euros (sans compter les pourboires). Et même plus, car avec une présence plus longue, le nombre de clients réguliers se multiplierait.
Ce n'était pas négligeable ! Surtout en prenant en compte que la bouffe, le logement, ainsi que les taxes, n'étaient pas prélevées de ces chiffres, étant assurés par la maison.
Je me réjouissais aussi d'avoir été dans un espace ou je me sentais libre, avec énormément de temps pour moi, ainsi qu'avec des opportunités de vivre de nouvelles expériences et d'apprendre de nouvelles compétences.
Les points que je considéraient problématiques étaient cette histoire de consentement, mais je supposais qu'il fallait sûrement adopter une attitude professionnel que certains de mes collègues m'avaient fait réalisé plus concrètement, pour pouvoir gérer cette façon de taffer.
Et outre cela, je savais que j'allais surtout me rappeler des rencontres, des rires, et des bons moments. Car si certains moments, je m'étais senti en manque d'amour, j'avais finalement liés des liens assez rapidement avec tout le monde. Et ce n'était pas en mal d'amour que je sortais du bordel.
Alors, revenir travailler ici m'apparaissait comme une évidence. Et peut-être même tout les hivers, et pour un temps plus long.
Une nouvelle façon de vivre mon nomadisme ouvrait à moi son horizon. Travailler l'hiver et voyager ensuite.
J'avais hâte d'être à l'année prochaine."
Voilà ! C'était long hein ? En espérant que cela t'ai plu et que ça t'ai ouvert de nouveaux horizons.
N'hésite pas à partager cet article autour de toi, et si tu es intéréssé.e pour lire mon journal, sache que c'est par ici.
Osmose.
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