Camille est venue me parler sur les réseaux, en me disant que les travailleurs du sexe lui avaient sauvé la vie. Touché, je lui ai demandé si elle serait d'accord pour nous partager son histoire, ce qu'elle a accepté. Je te laisse découvrir tout cela.
[ TW : Viol ; Pratiques sexuelles hard abusives]
J'ai perdu ma virginité à 15 ans sans trop savoir si j'étais réellement consentante. Mon copain de l'époque était plus âgé (il avait 17 ans), il en avait envie, j'avais bu, et finalement, je n'ai pas trop réalisé.
Et puis, il en a parlé avec ses potes.
Un jour, durant une soirée, avec beaucoup, beaucoup d'alcool, l'un d'eux est venu, "tout gentil-mignon", me voir. J'étais ado, j'étais mal dans ma peau, j'ai bu et... je n'ai pas vu le piège. Et j'avais donc 16 ans quand il m'a violée.
Ce ne fut que 10 ans plus tard que je réalisai que j'avais subit un viol. Avant cela, je considérais que c'était comme ça que cela marchait, les relations avec les hommes, et que, finalement un sourire n'était jamais gratuit... Triste n'est ce pas ?
Puis j'ai enchaîné les amourettes, avec des hommes de moins en moins attentifs à mes envies, ou tout simplement, à moi.
Je suis tombée assez bas dans la drogue, les sorties et les relations de plus en plus toxiques. Au lit, mon corps n'éprouvais plus rien. Je ne voulais ni baisers, ni caresse. Je refusais la tendresse, et n'éprouvais des sensations que dans la douleur, la souffrance.
Et je me rappelle de ce merdeux de premier ordre. Pour faire court, j'avais les mains attachées, un foulard sur les yeux, et... il m'a brûlé l'intérieur des cuisses et une partie de mes grandes lèvres avec sa clope.
Je te passe les 5 années très difficiles qui ont suivies, ainsi que tous les psys, plus véreux les uns que les autres, que j'ai pu croiser.
Et puis un jour, un peu éméchée avec une copine (qui faisait de l'escorting), j'ai tout déballé.
C'est en voyant ses yeux tristes et en colère que j'ai réalisé ce qui m'était arrivé.
Bref ! Quelques mois plus tard elle m'invitait chez elle, avec un ami à elle, qui était escort aussi.
Nous avons passé une nuit magique, tout en douceur et en sensualité, où chaque baisers trouvait corps et chaque souffle une langue... incroyablement bon !
J'ai pris le numéro de Remy, et nous avons établi un "devis" ahahahah !
On se voyait 1 fois par semaine, toute la nuit, pour 200€. Je n'ai jamais cherché à négocier. Pourquoi faire ?
On ne faisait pas forcément l'amour, mais il m'a appris. Appris à réanimer mon corps et ses sensations, appris à vraiment découvrir ce que j'aimais me faire, ainsi que ce que j'aimais qu'on me fasse. Je pense que sans lui, je ne serai pas la même aujourd'hui.
Maintenant,je me connais. Je suis désormais capable de dire non, et surtout de dire oui. Et je crois que je n'ai jamais autant pris mon pied qu'avec une relation facturée.
J'ai fait mon deuil de cette partie de ma vie. Je ne suis plus traumatisée, ou en tout cas, pas au point de m'arrêter de vivre. Donc même si ça n'est pas mon sujet préféré, je n'ai plus de tabou à en parler et à partager cette histoire ici.
Et je finirai par des remerciements. Merci pour la tendresse et la compréhension incroyable que vous seul.e.s, les TDS, avez. Car grâce à vous, j'ai pu me réapproprier non seulement mon corps, mais aussi ma vie, afin d'aller de l'avant.
Merci.
C'est moi qui te remercie Camille, pour ton ouverture et ton partage, et pour ton soutien. Ton histoire m'a vraiment touché et je suis sûre que tu n'es pas la seule à avoir vécu cette expérience avec mes collègues. Merci d'avoir apporté ta voix !
N'hésite pas à partager cet article autour de toi.