Dans un de ses derniers discours, Marguerite Stern exprime ceci :
"si vous voulez m'attaquer ou me contredire, faites le avec de vrais arguments, pas à base de ressentis."
J'ai considéré cela comme un appel, ou du moins, une ouverture.
Tout d'abord, j'aimerais te prévenir : ma façon d'écrire est souvent perçue comme condescendante. J'en suis désolé, c'est la manière dont je m'exprime, et je sais qu'il faut que je travaille dessus. Je tiens donc à préciser que toutes mes phrases déclaratives n'expriment pour moi que ma perception propre et pas une vérité universelle. Ce qui veux dire que quand je les écris, c'est ce en quoi je crois, et pas ce qui est.
C'est ce qui est, mais de ma perception. Voilà.
Je me présente rapidement, je m'appelle Awen, je suis agenre, et je suis perçu.e mec par la société. Je suis donc presque sûre que c'est sur cela que je vais me faire tacler directement, alors je vais expliquer quelque chose :
Je ne peux pas me taire. Je ne peux pas garder le silence. Car je suis un.e allié.e du bonheur des humain.e.s. Alors je comprends que pour certaines personnes, mon message ne sera simplement qu'une prise de place non légitime. Mais malgré ça, j'ai juste l'impression que me dire alliée et garder le silence, serait d'une horrible hypocrisie.
Et puis, je pense que ça va. J'écris mon article, je réagis à une ouverture, et j'invite qui le souhaite à me répondre aussi, avec une optique d’accueil total.
DONC ! Côté plan de cet article, je vais simplement citer Marguerite Stern (écriture noire), et exprimer mon point de vue, d'une autre couleur (écriture rouge).
Et je tiens à commencer avec cela :
" J'ai conscience du fait que certaines personnes vont me dire qu'elles blessées par mes propos, mais ces personnes là doivent aussi réaliser que je suis blessée par les leur. Et j'ai, comme elles, le droit de l'exprimer."
Oui. Tu as le droit de t'exprimer, et c'est important que tu le fasses. Ce qui n'est pas exprimé reste à l’intérieur, et brûle. Si tu ne t'exprimais pas, ça ne serait bon ni pour toi, ni pour nous. Car rien n'évolue quand on ne met pas les choses sur le tapis. Alors, même si ça peut paraître paradoxal, merci de ton expression.
Ensuite, je sais que tes propos nous blessent (étant moi-même blessé), et je comprends que nos propos te blessent, car j'ai entendu dans ton message tes ressentis, cette invisibilisation dont tu parles etc. Alors j'espère aussi que cet article t'apportera des choses à toi aussi.
Allons-y !
"Trois sujets divisent les féministes : prostitution, religions, transactivisme."
La division que tu exprimes, soyons clair.e.s : certaines personnes sont contre le port du voile, contre la prostitution/le travail du sexe, et contre le transactivisme. Alors que d'autres sont pour la liberté de chacun.e.
Je me doute que là, tu dois déjà grincer des dents. Tu dois te dire qu'il n'y a aucune liberté dans le fait de se voiler ou de se prostituer, et que ce sont des choses qui découlent du patriarcat. Mais je vais en parler plus tard, j'essaie juste de suivre l'ordre de tes paroles.
"Je n'ai aucun problème à dire que l'existence de la prostitution est une violence faite aux femmes (et même à celles qui ne sont pas en situation de prostitution, car nous sommes TOUTES prostituables)."
La manière dont tu exprimes cela, est, de mon point de vue, une conséquence du patriarcat et du masculinisme. Parce qu'en fait, tu ne sembles pouvoir voir la prostitution/le travail du sexe, que par une perception mascu. C'est à dire que pour toi, et ce par essence, la prostitution considère les femmes comme des objets pour les hommes, et comme de l'esclavage sexuel.
Le truc, c'est qu'il ne s'agit pas là d'une vérité UNIVERSELLE, mais de ta perception.
Il y a des façons très diverses de vivre le travail du sexe/la prostitution. Et pour certaines de nous, par ce travail, nous nous réapproprions nos corps, et nous luttons contre le patriarcat.
Sans vouloir invisibiliser les femmes pour qui ce n'est pas le cas ! Car évidemment que cela existe ! Mais généraliser ne sera jamais une solution. Car dans chaque généralisation, il y aura une partie qui sera invisibilisée.
Les personnes qui veulent en sortir, les personnes qui retrouvent du pouvoir en pratiquant ce métier, les personnes qui en souffrent, les personnes qui se sentent libres et indépendantes, les personnes ne considérant pas la prostitution comme un métier mais comme une étape dans un processus migratoire, les personnes se soignant d'un viol, les personnes retrouvant leur corps pour elleux, etc etc etc...
On ne peut pas généraliser. Et en fait, on n'a pas besoin de généraliser.
C'est plutôt simple. Plutôt que d'analyser la prostitution/le travail du sexe en se demandant si c'est quelque chose de mal ou de bien, essayons autre chose : le bonheur des gens.
Si une personne veut sortir de la prostitution, qu'on l'y aide ! Si une personne veut exercer le travail du sexe, qu'on lui donne des droits et du respect !
Et voilà. Fin du problème. Tout le monde en sort respecté.e et digne. Et on peut passer à autre chose.
"Aucun problème non plus à dire que la religion catholique c'est de la merde, que l'islam c'est de la merde, que le judaïsme et le bouddhisme c'est de la merde. Toutes les religions abîment de façon égale, la dignité des femmes."
En fait, c'est intéressant. Parce que la religion en soi, n'est pas un problème. Le fait de croire, en soi, n'est pas un problème. Et ce que tu dénonces en fait : c'est le masculinisme, et le patriarcat, qui sont présents dans la religion.
Et sur ce point, nous sommes totalement d'accord en fait !
Du coup, je pense qu'il ne faut pas chercher à détruire les religions, je pense qu'il faut les dé-masculiniser, et les dé-patriarcaliser.
Si tu perçois la religion comme masculiniste par essence, je pense qu'il est possible que les religions évoluent.
Et je suppose, que désormais, tu penses au voile.
J'ai un petit peu la même proposition que par rapport aux échanges économico-sexuels : le choix de chacune. Si une femme veut porter le voile, qu'elle en soit libre. Si une femme ne veut pas le porter, qu'elle en soit libre.
D'ailleurs, et on est bien d'accord sur ce point : Pourquoi seulement les femmes ? Que chacun.e des personnes soit libre de porter le voile ou non.
Ne soyons pas anti-voile, mais dé-patriarcalisons le.
Car j'en ai croisé, des femmes qui se voilaient, et qui ne le faisaient pas pour leur mari.
Mais bon ! Partons un peu plus loin dans cette idée que "le voile serait par essence patriarcal, et que les femmes luttant pour la liberté de le porter sont instrumentalisées et manipulées par le sexisme et le patriarcat".
Creusons un peu par là.
Penses-tu qu'interdire le voile est une solution pertinente et saine ? Penses-tu qu'obliger une femme à retirer son voile n'est pas quelque chose de violent ? Parce que si tu as ta vision de la chose, elle a aussi la sienne ! Penses-tu que ta vision de sa vision est une excuse pour imposer la tienne ? Est-ce un mécanisme sain et respectueux ? Penses-tu qu'en obligeant à une femme à enlever son voile alors qu'elle ne le souhaite pas, tu vas lui apporter un sentiment de dignité, et un sentiment de se sentir respectée ?
Par que c'est pour ça que tu luttes non ?
Luttes tu pour la dignité de tout le monde, ou pour imposer les idées que tu as de la dignité ? Je pense que c'est une question assez intéressante que je t'inviterais à creuser, et je pense que tu peux aussi t'en servir par rapport au travail du sexe.
Poursuivons.
"Par contre, j'ai un problème à m'exprimer sur le transactivisme. Dès que je le fais, on me lynche. Ces attaques sont de plus en plus violentes, et je sais que de nombreuses autres féministes ne s'expriment pas à ce sujet parce qu'elles ont peur, à juste titre, d'être harcelées."
Oui, l'humain.e a tendance à répondre aux attaques par les attaques. Un conseil, si tu veux une réponse avec soin, exprime-toi avec soin. Pour arriver à cela, un conseil : écoute. Tente de comprendre. Détache-toi de ta notion de la vérité, et comprends l'autre.
Grâce à cela, nos échanges deviendront plus sains, plus intéressants, plus vrais, et plus profonds.
Par exemple là, je ne t'insulte pas. Et je ne t'insulterai pas. Car j'ai compris ce que tu exprimais, et même si tes propos m'ont blessé.e, j'ai accueillis leur existence.
D'ailleurs, je n'invisibiliserai pas non plus qu'il y a surement des propos dans ma réponse qui te blessent aussi. Et j'espère que comme moi, tu arriveras quand même à les accueillir. Parce que si nous accueillons nos propos, nous pourrons réellement créer une conversation plus riche. Ou en tout cas, on aura plus de chance, qu'en s'insultant la gueule.
Je crois.
"Mais aujourd'hui, quitte à perdre beaucoup de soutiens, je n'en peux plus, et j'ai envie d'exprimer clairement ce que je pense. Peut-être un peu dans le désordre, sous le coup de l'émotion, mais tant pis."
Exprime, exprime, je fais de mon mieux pour accueillir et répondre ce que je pense avec honnêteté.
"Depuis que j'ai lancé le mouvement des collages contre les féminicides, je suis heureuse, et inspirée de voir des milliers de femmes investir l'espace public. Rapidement, des collages sur d'autres sujets que les féminicides ont commencé à fleurir, et c'est une bonne chose."
Oui, c'est complètement génial hein ! Vive la visibilité ! Vive nos combats ! Et force à nous !
"J'ai moi même, pendant des mois, collé sur d'autres sujets avant d'en venir aux féminicides. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que le mouvement que j'ai créé, se retourne contre moi."
Ah ? Vraiment ? Dis-m'en plus, ça m'intrigue.
"De nombreuses branches comme celles de Lyon ou Montpellier par exemple, n'hésitent pas à faire des collages sur des sujets clivants dans le féminisme, se positionnant clairement du côté intersectionnel, et excluant de fait, les féministes universalistes."
"L’universalisme est l'idée d'une opinion à vocation universelle."
Je ne vois pas comment une féministe peut se dire universaliste si elle ne lutte pas pour le droit de toutes les femmes. Tout en rappelant que "lutter pour le droit de toutes les femmes" (incluant donc les travailleuses du sexe, le faisant par choix ou non, les femmes voilées, voulant le garder ou le retirer, ainsi que toutes personnes s'identifiant comme femme, partiellement ou non), est différent de "imposer une idée individuelle de notre perception de ce qu'est une femme libre".
Car une idée individuelle, c'est clairement opposé à la notion d'universalité. Nous avons toutses une histoire et une perception différente, et nous avons toutses une façon d'être libre différente. Ce qui veut dire qu'on ne pourra jamais rendre tout le monde libre avec une perception de cette dernière qui est individuelle.
À l'inverse par contre, si nous légitimons toutes nos perceptions individuelles, nous pourrons avoir accès à une liberté universelle, qui sera très très très diverse et plurielle.
Cela me semble donc assez paradoxale, d'opposer "universelle" à "intersectionelle", car je pense que l'universalité ne peut exister sans intersecttionnalité.
"À Paris, quand j'ai accueilli chez moi des centaines de femmes au tout début du mouvement, j'avais bien précisé que je souhaitais qu'au delà de nos désaccords, nous soyons unies pour lutter contre les violences conjugales. Aujourd'hui, ça n'est plus du tout le cas.
Des féministes universalistes me rapportent avoir été exclues de branches où les activistes se positionnent comme intersectionnelles, et font des collages sur des sujets clivant tout en utilisant l'étiquette (à mon grand regret, c'est devenu une étiquette) "collages féminicides".
Bref. Aujourd'hui, j'ai découvert ce collage sur le compte instagram "Collages féminicides Montpellier". Et ça n'est pas le premier. J'ai donc décidé d'écrire ce thread pour dire ce que j'en pense."
Attend. Il y a un truc qui cloche là. Je ne comprends pas en quoi défendre et visibiliser certaines paroles et certaines réalités de certaines travailleuses du sexe, de certaines femmes voilées et des personnes trans, invisibilise les autres combats ?
Je ne comprend pas. Tu vas sûrement développer cela.
"La première chose, c'est que je trouve que les débats sur le transactivisme prennent de plus en plus de place dans le féminisme, et cristallisent même toute l'attention. J'interprète ça comme une nouvelle tentative masculine pour empêcher les femmes de s'exprimer."
C'est à dire que pour toi, les personnes trans qui se battent et visibilisent leur combat, invisibilisent les luttes des femmes cis ? Pourquoi est-ce que tu penses cela ? Parce que crois-moi, notre objectif n'a jamais, et ne sera jamais, de détruire, ou de silencier les droits des femmes cis.
Au contraire même. Notre combat est profondément anti-sexiste. Mais continue je te prie.
"De tous temps, les hommes ont tenté de silencier les femmes en faisant taire leurs révoltes. Aujourd'hui, ils le font de l'intérieur en infiltrant nos luttes et en occupant le devant de la scène."
C'est une des parties de ton discours qui me blesse et me choque beaucoup. Et je ne pense pas être la seule.
Parce que, si je ne me trompe pas, tu confonds "des femmes trans luttent pour leurs droits d'exister, du respect et de la dignité" avec... "des hommes se font passer pour des femmes pour infiltrer nos luttes".
C'est vraiment comme cela que tu crois les choses ? Tu penses honnêtement qu'on s'est réunis entre bonhommes, et qu'on s'est dit "ah ouai les gars, j'ai trop une bonne idée : on va dire qu'on est des femmes et on va détruire ce féminisme trop extrême de l'intérieur !"
Un truc du genre ? Je ne trouve pas cela très sain.
Parce que tu crois que c'est le fun total, d'être une femme trans ? Que c'est facile ? Qu'elles ne subissent pas le patriarcat et la masculinité toxique ? Mais tu n'as même pas idée !
T'imagines, une femme perçue comme un homme, ce qu'elle se prend dans la gueule tous les jours ? Les violences, les insultes, le sexisme, le patriarcat, la transphobie, la dysphorie etc ?
Non, ce n'est pas facile. Et crois pas, tes discours ne les aident pas non plus. Car ce que tu dis, constitue de la transmysoginie.
Et donc ça fait juste un truc de plus à subir.
Et encore une fois, je ne connais aucune femme trans qui n'est pas solidaire avec les droits des femmes cis. Cette idée, et tu m'en vois désolé, elle vient de ton ignorance, de ton incompréhension, et de ta colère.
Et si tu perçois de manière plus logique qu'une société secrète ou qu'un lobby masculiniste se travestissent pour détruire les droits des femmes, plutôt que de voir des femmes se battant pour avoir accès à la reconnaissance de leur identité, je t'invite à réfléchir plutôt qu'a t'accrocher à tes certitudes.
Quand nous pensons tout savoir, nous n'apprenons rien.
"La deuxième chose, c'est que je trouve détestable qu'un outil aussi important que l'écriture inclusive, et qui est sensé servir les intérêts des femmes, soit désormais utilisé pour les invisibiliser. dans les débats féministes sur instagram (et j'ai conscience du fait qu'il s'agit peut-être de débats de niches), on n'utilise plus les mots "femmes" et "hommes" pour parler de sujets spécifiques comme les règles par exemple. On parle désormais de "personnes à vulves". Et bien je considère que ça m'invisibilise."
Intéressant.
De mon point de vue, c'est plutôt de dire "une personne avec une vulve est une femme" qui invisibilise les femmes avec des pénis.
Te sens-tu réellement invisibilisée quand on dit "personne à vulve" ? Parce que cela ne veut pas dire que tu n'es pas une femme tu sais ? Si tu t'identifies comme femme, tu es une femme, personne ne viendra te dire le contraire.
Enfin, pour toi. Car moi, j'en connais beaucoup, des femmes qui se prennent dans la gueule la non-reconnaissance de leur identité de genre.
"Non, je ne suis pas une "personne à vulve", je suis une femme. Je suis née femme, et avant même ma naissance, dans le ventre de ma mère, j'ai subi des discriminations de ce fait. J'ai subi des choses qu'un homme qui voudrait devenir une femme ne pourra jamais appréhender.
Troisièmement, je suis pour qu'on déconstruise les stéréotypes de genre, et je considère que le transactivisme ne fait que les renforcer. J'observe que les hommes qui veulent être des femmes, se mettent soudainement à se maquiller, à porter des robes et des talons. Et je considère que c'est une insulte faite aux femmes que de considérer que ce sont les outils inventés par le patriarcat qui font de nous des femmes. Nous sommes des femmes parce que nous avons des vulves. C'est un fait biologique."
Nous y voilà. La base de la transphobie. "La biologie."
Et bien, pour commencer, permet moi de te partager un extrait de ce que j'ai pu écrire auparavant. Il s'agit de ma définition de ma propre identité d'agenre. Ce n'est pas quelque chose que j'ai écrit dans une optique de l'imposer, mais juste un partage de mon identité :
"La nature n'a pas créé les mots. L'humain.e l'a fait. N'oublie pas ça.
J'y ai pensé, le genre en tête. Et il faut que je t'en exprime ma perception. De nouveau, oui. La vie est évolution.
Évidemment, c'est une perception que je ne cherche pas à imposer. Ce n'est pas une vérité absolue. C'est la mienne. Et je pense qu'elle est aussi légitime d'existence que la tienne.
Pour moi, le genre est un concept. Inventé par l'être humain.e.
Nous avons des corps et ils sont tous uniques. Je n'en ai jamais vu deux identiques. Et je n'en verrai jamais.
Certains corps ont des seins, un pénis, une vulve, des torse plats, des poils, des hanches plus ou moins larges, des pommes d'adam, plusieures de ces choses en même temps.
Des choses auxquelles la société a associé ce concept de ce genre.
Concept qui selon moi, est à l'origine du sexisme, d'homophobie, de biphobie, de transphobie etc. En bref, si le concept de genre n'existait pas, les oppressions sociales qu'il crée n'existeraient pas non plus. Logique.
Un corps avec une vulve n'est pas un corps de femme. Un corps avec une pénis n'est pas un corps d'homme.
La masculinité et la féminité ne sont que des concepts sociaux.
Qui nous paraissent naturels, car nous les avons appris quand nous étions si jeunes. À la crèche, nous n'avions pas la capacité de remettre en question ce qu'on nous apprenait. Nous prenions simplement ce qui nous était donné, et nous laissions notre perception de la vérité être façonnée par les personnes qui s'occupaient de nous.
Mais pour moi, et de manière très logique, si on regarde la chose, on a juste posé deux mots : "homme" et "femme", sur des corps. Sur des attributs corporels. A qui ont a ensuite lié des caractéristiques sociales. Ce n'est pas quelque chose de naturel. Ce n'est pas quelque chose qui va de soi. C'est quelque chose d'entièrement construit et inventé.
Voilà où j'en suis. Je ne suis pas un homme, je ne suis pas une femme, je ne suis pas un concept. Je joue avec les concepts. Mais je ne me définis pas avec."
Voilà. Ce que je veux exprimer ici : non, ce n'est pas un "fait biologique". Ce sont des concepts inventés. Deux mots qui ont crée une prison dans énormément de sociétés. "Hommes" et "Femmes".
Ces deux mots ne sont pas une réalité biologique. La réalité biologique, c'est que tous les corps sont différents, que certains ont des vulves, des pénis, parfois aucun et parfois les deux (et surement plein d'autres possibilité dont la masse ne doit pas avoir conscience).
Les mots "homme" et femme", ne sont donc pas une réalité biologique, mais une invention conceptuelle venant de l'humain.e, que beaucoup considèrent comme une vérité absolue.
Maintenant, j'ai une question pour toi. Pourquoi combats-tu ? Est-ce que dire "personne à vulve", pour ne pas invisibiliser les personnes trans, invisibilise tes combats ? En quoi ?
En quoi reconnaître l'identité des personnes trans comme légitime, te fait te sentir agressée ?
Parce ce que si tu considères que le droit des femmes cis ne se limite qu'à une façon de ne pas invisibiliser les identités de manière inclusive, alors sache que ton combat est donc profondément transphobe.
"Portez des robes, des talons et des perruques, maquillez vous, si vous voulez. Je n'irai pas crier à l'appropriation culturelle, mais ne venez pas dire que vous êtes des femmes. de la même façon que je n'aurais jamais l'indécence de brunir ma peau en déclarant que je suis noire."
Oh. Tu sais, il y a des hommes qui portent des talons et des perruques sans être trans. Il y a aussi des femmes trans qui ne portent ni talons, ni robes, ni perruques. Tu ne connais aucune femme trans butch ? Je suppose que non, sinon, tu ne tiendrais pas ce genre de discours.
Je ne penses pas non plus que ce soit très pertinent de comparer les mécanismes de domination racistes et sexistes. Je crois que le "blackface" et la liberté de s'habiller comme nous le souhaitons, sont deux choses bien différentes.
"Quatrièmement, arrêtez de me dire que je vous oppresse. C'est vous qui m'oppressez en renforçant justement ces stéréotypes de genre. Et j'ai le droit de le dénoncer car je n'appelle pas à la haine."
Il y a une chose que je trouve assez intéressante, c'est comment tu sembles définir tes combats par rapport à une vision patriarcale. Tu sembles affirmer que les robes, les manières, ne peuvent être définies que par ce que le mascu en perçoit.
Mais en fait, la liberté totale, ça serait quoi ? Que chacun.e porte ce qu'ielle veut, que chacun.e soit ce qu'iel est ou ce qu'ielle veut être.
Non ?
Pourquoi adapter nos combats aux regards des mascus ? Qu'ils aillent voir ailleurs ! Qu'on leur dise clairement : chéri, on fait ce qu'on veut, et si t'es pas content, va cracher ailleurs.
Pourquoi on se bat entre nous à cracher sur nos différentes manières d'être ? Ne serait-pas une forme de soumission, de s'adapter aux règles de leur masculinisme toxiques ?
Ne serions nous pas en train de nous faire manipuler ?
"Mes propos sont dans le cadre de la loi, puisque moi, contrairement à vous, je suis capable de faire la différence entre transidentité et transactivisme. C'est-à-dire entre les personnes et les idées. Que des personnes trans existent, je m'en fiche. Qu'elles viennent coloniser le débat féministe en ramenant tout à elles au point que certaines féministes dites "cis" n'aient plus que cette lutte pour objectif, me révulse."
Si tu penses que je fais du mansplaining, je suppose qu'on est quitte du coup. Parce que dire à des personnes trans que tu connais mieux la transidentité qu'elleux, c'est assez... déplacé non ? Cisplaining ?
Je ne pense pas que tu fasses la différence entre les personnes et les idées d'ailleurs. Car tu sembles confondre nos combats pour le respect avec une tentative de détruire tes droits.
Et puis, j'ai aussi l'impression que tu tentes plutôt d'imposer tes idées sur nos vies. Quand tu affirmes que les femmes trans sont des mascus dans un cheval de Troie par exemple. Fais-tu vraiment la différence entre nos vies et tes idées ?
"Cinquièmement, les sacro saintes notions de "liberté", de "choix" et de "tolérance" ne veulent rien dire si elles ne sont pas explicitées.
"j'ai la liberté de me voiler", "je choisis de me prostituer", "je suis trans, soit tolérante", cela ne veut rien dire. Oui tu peux dire que tu es libre de te voiler, de te prostituer ou d'être trans, mais la question du libre choix est illusoire.
Je considère que ces choix sont le fruit d'un conditionnement par le système patriarcal. S'il en était autrement, pourquoi les hommes ne se voileraient pas et ne se prostitueraient pas autant que les femmes? Il en va de même pour le transactivisme."
Je crois que je t'ai déjà partagé ma vision de cela plus haut, non ? Je ne m'identifie pas comme femme au passage, mais je me prostitue par choix.
Mais je sais que tu accordes de l'importance à ce que tu crois être majoritaire, et que donc, tu n'es pas dans une lutte à portée universelle.
"Pourquoi les personnes trans qui occupent le devant de la scène comme lors de la manifestation Nous Toutes, ou comme les drags queens (largement plus répandues que les drag king) sont elles plus nombreuses ou du moins, plus visibles? (et oui, je sais, ici on parle plutôt de travestissement, mais je considère que ce sont les mêmes mécanismes à l'oeuvre)"
Nous sommes plus visibles, car nous prenons plus de visibilité. Nous prenons plus de visibilité, car nous en prenons plus sur la gueule. Et si nous sommes dans les même manifestations que vous, c'est que nous partageons luttons aussi pour le droit des femmes. Précisant que le droit des femmes, c'est aussi lutter contre la transmisogynie.
Par rapport aux drag king, la visibilité prend du temps, mais crois moi qu'elle se construit de plus en plus, et qu'elle explosera. Car je suis totalement d'accord sur ce point : nous avons une égalité à défendre ici.
"Je conçois que des personnes trans puissent ne pas se reconnaître dans l'identité de genre attribuée à leur sexe. Que des hommes aient envie de porter des robes, que des femmes aient envie qu'on cesse de les sexualiser et de les infantiliser par le langage, d'où l'envie de changer d'image et donc de pronom. Mais tout ceci (les vêtements, les appellations sociales), ne demandent qu'à être déconstruites. Pour les déconstruire, inutile de dévoyer les débats féministes."
Je suis personnellement pour la déconstruction de toutes nos certitudes. Mais je ne pense pas que tenir des propos transmisogynes, soit de la déconstruction. Ni que ça appelle à la déconstruction.
"Je précise que quand je m'exprime à ce sujet, je reçois habituellement beaucoup d'insultes, de menaces, et de messages condescendants. Mais je reçois aussi beaucoup de messages de femmes qui pensent comme moi, mais qui ne le disent pas parce qu'elles ont peur.
Et dernièrement, si vous voulez m'attaquer ou me contredire, faites le avec de vrais arguments, pas à base de ressentis. J'ai conscience du fait que certaines personnes vont me dire qu'elles blessées par mes propos, mais ces personnes là doivent aussi réaliser que je suis blessée par les leur. Et j'ai, comme elles, le droit de l'exprimer. Mais je le fais de façon construite, et j'avance des arguments qui relèvent des sciences dites "dures" et sociales.
C'est tout pour moi même si en vrai je crois que j'ai oublié des choses. "
Voilà une partie de ma réponse, et je pense que j'ai aussi oublié beaucoup de choses. Il y a beaucoup de choses dont je n'ai pas parlé, ou que je n'ai pas assez développé. Mais peut-être y trouveras-tu quelques éléments de réponse à explorer. Je dois avouer qu'après un petit moment, je sentais la fatigue m'envahir.
Pour conclure, je pense que la base de notre conflit, se trouve dans ta croyance de ce que tu nommes "la vérité biologique", ainsi que dans ta lutte à imposer une perception, en la mettant au-dessus de la vie de plusieur.e.s individu.e.s.
Honnêtement, je ne porte pas l'espoir que tu auras compris tout ce que j'ai exprimé. Mais j'espère que tu auras réussi à chopper quelques pistes intéressantes, quelques outils, quelques infos, quelques éclaircissements. Quelque chose en fait, tout simplement.
Prends soin de toi.
N'hésite pas à partager cet article autour de toi.
Finalement elle ne t'a jamais répondu n'est-ce pas ?